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1 - remettre l'humain au centre

 

La crise du Covid-19 nous montre avec férocité combien l’Humain est vulnérable. Au début personne ne prenait au sérieux ce virus car nous avions connu déjà des menaces par le passé de grippe H1N1, de SRAS mais dans les deux cas nous avons eu l’impression qu’on criait au loup et que ce loup n’était finalement pas bien méchant. Depuis des années pourtant les épidémiologistes nous alertent qu’un virus comme celui de la grippe pourrait muter et plonger le monde dans la situation d’il y a un siècle avec la pandémie de grippe espagnole. Je prends l’exemple de l’île de la Réunion que je connais bien. 

 

Le virus de la grippe espagnole arrive le 31 mars 1919 et va disparaitre miraculeusement en mai de la même année. La population à l’époque s’élevait à 180.000 âmes mais il y eu près de 8000 décès consécutifs à la pandémie. Cette mortalité aurait pu être moindre s’il y avait eu plus de lits, plus d’infirmieres, plus d’hygiène, etc. Cette pandémie a marqué l’inconscient collectif de l’île. 100 ans après nous sommes en mesure de poser la question à nouveau : Où en sommes-nous du point de vue des inégalités dans nos pays riches ? Si nous regardons la France nous pouvons nous féliciter d’avoir une République solidaire. L’accès à la Santé et les soins pour tous garantissent une prise en charge des plus miséreux. Dès lors que vous tombez malade sur le territoire français vous serez pris en charge aux frais de la Nation toute entière et ce quelque soit votre couleur de peau, votre religion ou vos opinions politiques. C’est l’idée des soins pour tous. Pourtant, les français semblent insatisfaits ! Sans doute que les français ne connaissent pas assez les autres systèmes comme celui des États-Unis. Le Covid-19 est le plus redoutable ennemi de Donald Trump. Sa sous-estimation de la pandémie risque de lui coûter sa réélection. Les inégalités aux Etats-Unis sont plus que préoccupantes. Le Capitalisme inégalitaire est une ineptie. Il divise le peuple et l’éloigne de toute idée de coopération et de mutualité. Pourtant sur le billet de « un dollar » est bien marqué « E Pluribus Unum ». Et bien il n’en est rien ! L’Amérique est une grande forêt qui n’a pas été entretenue et dont les broussailles envahissent les sous-bois. Le jour où cette forêt prend feu alors ce sont tous les arbres qui sont menacés, les grands arbres centenaires qui se croyaient éternels sont à la merci des flammes de ces broussailles qui empêchent toute circonscription rapide du feu. 

 

Le Covid-19 est un incendie mondial. Les pays les plus inégalitaires seront les plus touchés…sanitairement et politiquement. La bourse s’effondre. Les milliardaires perdent des centaines de millions et nous réalisons que malgré cette crise nous ressentons une forme de joie. La joie de voir que la fraternité est vivante. Il n’est pas obligatoire de croire en Dieu pour être fraternel. Il suffit d’avoir du cœur. Cette société nous avait faire perdre espoir qu’un maintien de l’Etat Providence était possible. L’Humain doit être l’ultime projet de civilisation. Le mot humain vient de Humus : la terre. Il a donné le mot « homme ». Nous les hommes nous appartenons à la terre, pas au ciel. Dans la mythologie grecque tout cela était bien connu. On commettait le péché d’Hubris quand un mortel se prenait pour un Dieu. Il était immédiatement plaqué au sol pour lui rappeler sa condition. Souvenez-vous d’Icare, de Sisyphe, de Tantale. Alors ce Covid-19 nous rappelle avec cruauté que la puissance financière d’un état est un moyen pas une fin en soi et que la croissance n’a de sens que si elle ne contribue pas au progrès de tous. C’était l’idée d’une des pères du libéralisme économique : Adam Smith. La financiarisation du capitalisme a fait basculer l’humanité de la raison objective à la raison instrumentale. L’Objectif n’est plus le bonheur mais la croissance et sa mesure. Mais à quelle fin cette croissance ?

 

Lorsque la croissance ne se fait pas au profit de l’intérêt général alors cette croissance porte un nom : le Cancer. Il existe dans notre organisme des cellules qui se croient plus malignes que les autres et qui pensent pouvoir échapper à la règle du service de l’intérêt général (le système immunitaire)  pour privilégier l’intérêt particulier. C’est un calcul qui finit toujours mal. 


2- faire de la solidarité et de la santé publique des valeurs qui ne se marchandent plus

 

Le discours du Président de la République à énoncé le projet d’une santé pour tous qui échapperait aux conditions économiques et qui serait garantie par et pour la Nation. « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties »Puis « ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » et de rajouter « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine »

 

Ces trois phrases montrent effectivement un changement de paradigme dans le discours d’Emmanuel Macron qui, il y a quelques semaines, faisait passer la réforme des retraites à coup de 49.3. Une réforme des retraites tout à fait opposée dans sa logique politique à ce discours solidaire, étatique et protectionniste.

 

Il est évident que nos sociétés occidentales qui ont tourné le dos aux religieux pour se diriger vers les technologies et le scientisme ont laissé de côté l’Ethique. Je ne parle pas de morale mais bien d’Ethique. Quand Moïse est allé sur le mont Sinaï chercher les Tables de la Loi il est allé chercher une éthique. Une Loi pour tous. Quand il est revenu près de son peuple celui-ci avait érigé une idole, un Veau d’Or. Voilà où nous en sommes ! Le dollar et la réussite individuelle prévaut sur la réussite collective. Nous vivons à l’ère de la compétition au lieu de développer la mutualité.

 

Je vois dans l’Ethique un discours qui met l’Homme et sa vulnérabilité au cœur du système. Ethique et solidarité sont deux mots inséparables. L’Ethique est l’idée qu’aucun bonheur individuel n’est possible dès lors que le bonheur n’est pas partagé par tous. Je ne m’inscris pas dans une approche kantienne mais plutôt dans une approche hégélienne de la morale et de l’Histoire. L’Histoire est faite d’une lutte permanente contre les injustices et les inégalités. Tant que tous les hommes ne partageront pas les progrès réalisés ici ou là et tant que l’accès au bonheur sera l’apanage d’un petit nombre alors l’Humanité sera confrontée à des catastrophes qui l’empêchera de rêver à une planète apaisée. Nous sommes à l’heure de la fraternité humaine indispensable pour faire face aux crises. Crise du Covid-19 mais celle du réchauffement climatique, celle de la surpopulation et celle de l’égoisme. Nous ne pouvons pas être heureux seuls. 


3- Fragile et précieux

 

C’est parce que l’humanité est fragile qu’elle est précieuse. Nous avons le devoir d’aider le plus fragile car nous sommes tous des fragiles en puissance. La mutualité a permis au singe de se mettre debout et de devenir un homme. Sans le partage des plus chanceux au début de l’Humanité ce petit groupe de primates aurait disparu. Le premier Homme est celui qui a partagé sa chasse ou sa cueillette avec son voisin moins chanceux. Fais à autrui ce que tu aimerais qu’on te fasse ! Voila l’Éthique de demain indispensable dans une civilisation digne de ce nom.

 

Nous ne serons jamais trop humains !

 

Didier Buffet

Auteur de la Fragilologie

www.fragilologie.fr

Une approche fraternelle et solidaire du patient fragile

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